L’union politique? L’heure de vérité a sonné
PE AAD BULLETIN - Association des Anciens Députés au Parlement Européen, N°67/juin 2019
La nouvelle législature européenne ne devra pas seulement marquer la consolidation de l’Europe d’un point de vue social, culturel, économique et monétaire, mais elle devra aussi établir sans délai une union politique, dont l’absence a été la source de trop nombreuses années de stagnation. Le nouveau traité d’Aix-la-Chapelle, conclu entre la chancelière Merkel et le président Macron, renforce et met à jour le traité de l’Élysée de janvier 1963 entre le chancelier Adenauer et le président De Gaulle. S’il venait à être immédiatement accepté par des pays comme l’Italie et l’Espagne, il pourrait véritablement constituer un pas important vers l’intégration politique de l’Europe, tant en matière de politique de défense que de politique fiscale, vers la défense commune, la politique étrangère, la sécurité intérieure et le renforcement de la citoyenneté européenne. Le nouveau traité, le climat, l’environnement et l’économie, lance un appel pressant aux autres pays pour qu’ils décident enfin de leur intention d’adhérer à l’union politique, cette union dont tout le monde parle mais que personne n’a encore essayé de réaliser. La lutte contre le terrorisme, le chômage, la criminalité et l’exclusion sociale, ainsi que la bonne gestion de l’immigration et des ressources naturelles doivent reposer sur une politique commune qui ne peut être réalisée qu’à condition que l’Europe se positionne avec la même dignité et les mêmes possibilités vis-à-vis des grandes puissances mondiales. Cette démarche doit commencer par une Europe concentrique, capable d’accueillir les pays de l’Union qui ne se considèrent pas encore prêts. Comme le dit un vieil adage, «Le commencement est beaucoup plus que la moitié de l’objectif». Si personne ne fait le premier pas, le projet restera lettre morte. Il nous incombe de faire tout ce qui est en notre pouvoir en tant qu’institutions et citoyens pour que les États comprennent l’urgence et la nécessité de s’unir et d’améliorer le projet lancé par l’accord entre Mme Merkel et M. Macron, notamment les pays fondateurs, comme l’Italie. Il ne s’agit pas de céder et d’abandonner les prérogatives souveraines nationales, mais d’en partager une partie afin de parvenir à ce bien commun dont tout le monde parle mais qui est rarement mentionné dans les programmes électoraux. Nous sommes favorables à une Europe dans laquelle certains pays entament avec courage le processus d’unification politique. Lors de la création de la CECA, la Communauté européenne, une décision a été prise: suivre la voie de la paix mettant en commun les deux principales ressources à l’origine des précédentes guerres. La longue période de paix actuelle est entièrement due à cette union: une période que nous voulons préserver tant pour nos citoyens que pour tous ceux qui voient encore l’Europe comme un continent de liberté et de respect . C’est pourquoi nous réaffirmons, la nécessité d’une charte universelle des devoirs, que l’Europe devrait proposer au monde et qui, parallèlement à la charte universelle des droits de l’homme, préciserait quelles tâches incombent aux institutions et aux citoyens. Le moment est peut-être venu pour une nouvelle Convention européenne. Quoi qu’il en soit, l’heure de vérité a sonné.
Cristiana Muscardini
PPE, Italie (1989 – 2014)
c.muscardini@tin.it